top of page

Situer Paris dans un contexte international

Paris, Ville Lumière, attire les regards de partout dans le monde, et ce, que ce soit pour son effervescence culturelle et son architecture, le rôle historique que Paris a joué en matière de protection des droits de la personne ainsi que son attractivité économique (Laurian, 2012). En regard de son influence internationale ainsi qu’infranational, Paris se doit de faire preuve d’innovation face aux grands enjeux du 21e siècle liés aux changements climatiques et de développement durable pour préserver son leadership à l’international.

À cet effet, la ville de Paris s’est dotée récemment une stratégie de résilience urbaine (Mairie de Paris, 2020). Soutenue par le réseau municipal transnational des 100 Villes Résilientes (100 Resilient Cities en anglais) de la fondation Rockeffeller, Paris souhaite faire preuve de leadership en intervenant sur ces 3 grands objectifs :

 

  1. Une ville inclusive et solidaire, qui s’appuie sur ses habitants ;

  2. Une ville aménagée et construite pour répondre aux défis du XXIe siècle ;

  3. Une ville qui mobilise l’intelligence collective et coopère avec les autres territoires, en particulier ruraux. (Ibid.) 


Dans ce travail, il s’agira d’analyser un projet de renouvellement urbain qui se veut un exemple de développement durable urbain pour Paris, soit le projet de l’écoquartier Clichy-Batignolles dans le 17e arrondissement (P&Ma, [s. d]) En regard de ces grands objectifs de la stratégie de résilience urbaine mentionnés ci-dessus, nous tenterons de comprendre 1 — comment ce projet cadre avec ces objectifs ? ; et 2 — quels éléments devraient être modifiés pour s’arrimer davantage à cette stratégie ?

Pour répondre à ces questions, nous présenterons tout d’abord le quartier Clichy-Batignolles et les changements survenus dans ses formes et son tissu urbain pour mieux cerner en quoi le renouvellement actuel répond à renforcer sa résilience urbaine. Par la suite, nous nous pencherons sur les différents concepts de design urbain autour de la problématique de résilience urbaine. Ceux-ci nous permettront de forger un présent cadre théorique duquel nous permettra d’asseoir notre analyse finale. ​

Paris.png

Écoquartier de Clichy-Batignolles au sein de Paris

Emplacement géographique

Situé au sein des limites administratives du 17e arrondissement (voir figure 1) et du quartier Batignolles (voir Figure 2), l’écoquartier Clichy-Batignolles est délimité par le boulevard Périphérique au nord, l’avenue de la Porte-de-Clichy à l’Est, le faisceau ferroviaire St-Lazare de la SNCF à l’ouest et de la rue Cardinet au sud (voir Figure 3).

Figure 1 : Carte des arrondissements de Paris. (Map of Paris, 2024)

Figure 2 : Division des quartiers au sein du 17e arrondissement de Paris

Figure 3 : Délimitation du projet d’écoquartier Clichy-Batignolles. (P&Ma, 2020)

secteurs_aplatsfa84.jpg

Histoire du quartier 

garre_batignolles.png

Figure 4 : Gare de Batignolles, 19e siècle. (Les Batignolles, 2023).

Batignolles4.png

Figure 5 : Forme urbaine de Batignolles au tournant du 19e et 20e siècle. (P&Ma, [s.d.])

Batignolles5.png

Figure 6 : Gare aux marchandises coupant le 17e arrondissement. 20e siècle (Les Batignolles, 2023).

Batignolles6.png

Figure 7 : Clichy-Batignolles avant le réaménagement du quartier au début du 21e siècle.

7e siècle : Batignolles est un hameau indépendant de Paris, résidence et réserve de chasse de rois mérovingiens. Batignolles tiendrait son nom du latin bastide signifiant « petite maison de campagne » (Mairie du 17e, 2024, pp.4-5).

 

1820 : Début de l’urbanisation de Batignolles par l’entremise de grands lotissements spéculatifs. On y construit des maisons de campagne pour venir respirer de l’air frais en périphérie du centre urbain pollué.

 

1830 : Le roi Charles X ordonne de réunir le hameau de Batignolles à celui de Monceau formant dès lors une seule commune — toujours indépendante de Paris (Op. Cit., Marie du 17e). 5 000 personnes habitent le territoire à ce moment (Les Batignolles, 2023)

 

1840 : Érection de l’enceinte de Thiers, fortifications ceinturant le grand Paris — et de surcroît l’extrémité ouest de Batignolles — afin de protéger la ville contre d’éventuels envahisseurs. Cette enceinte dessine les limites de Paris. (Cohen et Lortie, 2021)

1850 : L’activité ferroviaire prend de l’ampleur dans le quartier ; la gare de Batignolles est construite, des lignes infranationales et internationales transitent par Batignolles de même que plusieurs trains de marchandises (Op. Cit., Les Batignolles).

1860 : La commune Batignolles-Monceau est annexée à Paris et devient le 17e arrondissement. (Op. Cit., Marie du 17e)

 

Fin du 19e siècle : Sous la commande de Napoléon III, le baron Haussmann transforme les formes urbaines des anciens Faubourgs de Paris. Le quartier Batignolles n’y échappe pas : de larges voies ouvrent le quartier ; grands immeubles, jardins à l’anglaise et kiosques à musique s’y implantent (Op. Cit., Les Batignolles).

1920 : À la suite d’un accident de trains, on réaménage la gare et on construit une tranchée de 8 voies de trains coupant les quartiers Batignolles et Monceau. (Voir figure 5).

1970 : L’activité ferroviaire décline en laissant place à un quartier mité par de nombreuses friches. (P&Ma, [s.d.])[SM1] 

 

1973 : L’emplacement des anciennes fortifications de Thiers laisse place au boulevard périphérique, une voie collectrice entourant la capitale (Op. Cit., Cohen et Lortie).

 

Fin du 20e siècle début du 21e siècle : Le quartier Batignolles est enclavé entre la barrière du boulevard périphérique et les différents faisceaux ferroviaires. Ces ruptures urbaines et la baisse de l’activité ferroviaire amènent à requalifier et réaménager le quartier.

2005—2008 : Début des travaux d’aménagement et de création du parc Martin-Luther King, élément central du projet urbain (Mairie de Paris, 2024).

2012 : Les premiers habitants de l’écoquartier commencent à s’installer.

2024 : Livraison des derniers îlots bâtis (P&Ma, 2024).

Comment la résilience se développe à l’échelle du quartier

Amorcées au début du 21e siècle, les réflexions pour le renouvellement urbain de Batignolles étaient motivées par un souhait de requalifier 50 ha de ce quartier lourdement marqué par des friches industrielles et des équipements de transports ferroviaires en un quartier modèle de durabilité (P&Ma, 2017). L’intention était de travailler à rationaliser les équipements de logistiques ferroviaires du passé et d’orienter dorénavant le quartier sur un parc de 10 ha en son centre. (Ministère de la Transition écologique [s.d.]) Qualifié de « laboratoire de l’urbanisme parisien » (Ibid.) , le projet visait à inventer de nouvelles manières de faire la ville tant sur les principes de développement durable que sur ceux de la participation citoyenne.

 

Parvenir à cet objectif demandait de consolider le « tissu urbain dense dans un environnement contraint » par les équipements déjà présents et de désenclaver le quartier en traçant des corridors perméables avec les autres quartiers (P&Ma, 2017, p.1). Ces actions ont permis de construire des immeubles de grands gabarits composés de logements mixtes et d’emplois faisant du quartier un pôle de « mixité fonctionnelle et sociale » (Ibid., p.2). Afin de favoriser l’implantation d’une mixité sociale, une des intentions du projet (Ibid.), 50 % des unités résidentielles construites seront des logements sociaux et 20 % seront des logements dits « à loyers maîtrisés » (Ibid, p.5). À terme, ce sont 7500 personnes qui habitent aujourd’hui l’écoquartier, représentant ainsi une densité brute de 150 habitants/ha. Enfin, la partie ouest du projet accueille désormais la cité judiciaire de Paris faisant du quartier un pôle d’emploi d’envergure métropolitaine (voir figure 9).​

Clichy_7.jpg

Figure 8 : Vue aérienne de l’écoquartier Clichy-Batignolles. (Marie de Paris, 2024)

Clichy_01.jpg

Figure 9 : Plan de l’écoquartier de Clichy-Batignolles. (P&Ma, s.d., cité dans Mairie de Paris, 2024)

Développement durable

En termes de développement durable, l’écoquartier se distingue par sa sobriété énergétique, la place des enjeux relatifs à la biodiversité et au climat dans sa conception et, enfin, l’attention à créer un cadre de vie mixte et favorisant les rencontres et la vie de voisinage (Ibid, pp.2-3).

Pour assurer la sobriété énergétique, le quartier est alimenté à la majorité par les énergies renouvelables que sont l’énergie solaire et la géothermie. De même, les bâtiments consomment 20 kWh/m2/an de moins que la moyenne des immeubles de la métropole.

Les réflexions pour inclure les enjeux climatiques au projet ont mené à intégrer un parc de 10 ha, 6500 m2 d’espaces verts privés et 16 000 m2 de toits végétalisés permettant de consolider une vaste trame verte à l’échelle du quartier. La place de la végétalisation dans le quartier a pour objectif d’augmenter la capacité d’absorption des sols et, par le faire même, de réduire les vulnérabilités relatives à une pluviométrie augmentée en raison des changements climatiques. Cette trame verte contribue également à réduire le phénomène d’îlot de chaleur urbain, une des problématiques majeures au sein de la métropole, et ses impacts tel le stress thermique (Blauel, 2022 ; Forceville et al., 2024).

Mobilité

Dès les premières étapes de réflexions du projet, au début des années 2000, la population fut invitée à prendre part au processus lors d’une large démarche de consultation publique encadrée par une opération de Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) (P&Ma, s.d.[SM1] ). Au total, ce sont plus de 3000 citoyen.ne. s qui ont contribué aux réflexions (P&Ma, 2017, p.5). Les idées retenues lors de cette démarche furent intégrées aux équipes de maîtrise d’ouvrage ce qui permet de construire un dialogue entre la population, les urbanistes et architectes.

Processus de concertation 

Dès les premières étapes de réflexions du projet, au début des années 2000, la population fut invitée à prendre part au processus lors d’une large démarche de consultation publique encadrée par une opération de Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) (P&Ma, s.d.[SM1] ). Au total, ce sont plus de 3000 citoyen.ne. s qui ont contribué aux réflexions (P&Ma, 2017, p.5). Les idées retenues lors de cette démarche furent intégrées aux équipes de maîtrise d’ouvrage ce qui permet de construire un dialogue entre la population, les urbanistes et architectes.

Paris : ville résiliente?

6 décembre 2025 par : François-Xavier Dupuis, Léa Poulin, Sophie Moise et Marc-Olivier Mathieu

bottom of page