Paris : ville résiliente?
L'étude de cas de l'écoquartier Clichy-Batignolles
La ville résiliente, c’est quoi ?
Holling (1973) définit la résilience comme une « mesure de la persistance des systèmes et de leur capacité à absorber les changements et les perturbations tout en maintenant les mêmes relations entre les populations ou les variables d'état » (Holling, 1973).
Dans la littérature urbaine, une ville résiliente est reconnue pour sa capacité à prévoir, planifier, s'adapter et se remettre des perturbations (Drobniak, 2012). En d'autres termes, la résilience fait référence à la capacité des villes à s'adapter aux changements et à se rétablir après des crises.
Le concept de ville résiliente repose sur l'anticipation, l'atténuation et la réduction des impacts physiques, économiques et sociaux des catastrophes dans un contexte urbain. Ces catastrophes concernent principalement les désastres naturels associés aux changements climatiques, bien que ce concept puisse également s'appliquer à des catastrophes d'origine humaine ou intentionnelles. Toutefois, dans ce cadre, nous nous concentrerons uniquement sur les désastres naturels (Havko et al., 2017).
4 dimensions du City Resilience Index
Holling (1973) définit la résilience comme une « mesure de la persistance des systèmes et de leur capacité à absorber les changements et les perturbations tout en maintenant les mêmes relations entre les populations ou les variables d'état » (Holling, 1973).
Dans la littérature urbaine, une ville résiliente est reconnue pour sa capacité à prévoir, planifier, s'adapter et se remettre des perturbations (Drobniak, 2012). En d'autres termes, la résilience fait référence à la capacité des villes à s'adapter aux changements et à se rétablir après des crises.
Le concept de ville résiliente repose sur l'anticipation, l'atténuation et la réduction des impacts physiques, économiques et sociaux des catastrophes dans un contexte urbain. Ces catastrophes concernent principalement les désastres naturels associés aux changements climatiques, bien que ce concept puisse également s'appliquer à des catastrophes d'origine humaine ou intentionnelles. Toutefois, dans ce cadre, nous nous concentrerons uniquement sur les désastres naturels (Havko et al., 2017).
Critère 1 - Santé et bien-être de la population

Selon la littérature scientifique, une ville résiliente se doit de prendre en compte la santé et le bien-être de sa population (CRI, 2013). En effet, la résilience d’une ville passe par la création de stratégies d’adaptation aux changements climatiques accordant « une attention particulière à la réduction de la vulnérabilité des personnes et des communautés » (Barrico et Castro, 2019). Ces stratégies d’adaptation augmentent la résilience également par l’amélioration de la santé humaine, des moyens de subsistance des individus et du bien-être social et économique de la population (Ibid.).
La résilience de la population au travers de la santé et du bien-être peut être mesurée à l’aide d’indicateurs présents dans l’index.
Vulnérabilité humaine minimale
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Logements sûrs et abordables pour tous
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Approvisionnement énergétique adéquat et abordable
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Accès inclusif à de l’eau potable sécurisée
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Présence d’infrastructures d’assainissement sûres, fiables et abordables
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Approvisionnement alimentaire suffisant et abordable
Moyens de subsistance et emplois diversifiés
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Politiques du travail
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Compétences et formation pertinentes qui se traduisent par des mécanismes efficaces pour faire correspondre les compétences au marché de l’emploi actuel et émergent.
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Développement des entreprises locales et l’innovation de ces dernières
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Mécanismes de financement de soutien permettant la résilience des entreprises face aux changements de tous genres.
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Protection diversifiée des moyens de subsistance après un choc notamment auprès des entreprises et des travailleurs. e. s
Mesures de protection efficaces pour la santé et la vie humaines
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Systèmes de santé publique robuste
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Accès adéquat et inclusif à des soins de santé de qualité
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Soins médicaux d’urgence de qualité
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Services d’intervention d’urgence efficaces
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Services d’intervention d’urgence disposant de ressources adéquates
(CRI, 2013)
Qu’est-ce que la vulnérabilité aux aléas climatiques ?
Selon l’atlas interactif de la vulnérabilité de la population québécoise aux aléas climatiques de l’Université Laval, la vulnérabilité se définit comme « une condition qui résulte de divers facteurs (physiques, économiques, sociaux ou environnementaux) et qui prédispose les éléments exposés à la manifestation d’un aléa, à en subir les préjudices ou des dommages » (Atlas de vulnérabilité, 2018, p. 2). Elle englobe les concepts de sensibilité et de capacité à faire face (Ibid.).
Sensibilité : « ensemble des « conditions intrinsèques d’un élément exposé qui le rend particulièrement vulnérable » (Atlas de vulnérabilité, 2018, p. 2)
Capacité à faire face : « somme ou combinaison de toutes les forces et ressources disponibles au sein d’une collectivité, d’une société ou d’une organisation qui peuvent concourir à la réduction des risques ou des conséquences découlant de la manifestation d’un aléa » (Morin, M. cité dans Atlas de vulnérabilité, 2018, p. 2).
Critère 2 - Économie et société : piliers de l’organisation des villes résilientes résilientes

Identité collective et participation citoyenne
Selon la littérature, les villes résilientes mettent de l’avant l’adaptativité des systèmes économique et social afin que ces derniers permettent aux collectivités de vivre de façon harmonieuse (CRI, 2013). Le soutien de la communauté locale, la cohésion des communautés, l’importance de l’identité et de la culture urbaine ainsi que la participation citoyenne sont tous des facteurs de résilience pour une municipalité (Ibid.) Par exemple, Tambal, Elsawahli, Ibrahim et Lumbroso démontrent dans leur recherche l’importante de la participation citoyenne des communautés dans l’amélioration de la résilience des villages face aux inondations plus particulièrement dans les zones à faibles revenus (Tambal et al., 2024).
Sécurité globale et primauté du droit
La sécurité globale et la primauté du droit sont également des vecteurs de résilience pour les villes (CRI, 2013). La sécurité globale comprend plusieurs types de sécurité, dont la sécurité relative aux désastres naturels qui est influencée par des facteurs stressants internes ou externes à la ville (Fekete et Fiedrich, 2017). De plus, la notion de sécurité est beaucoup plus large que le concept de résilience aux catastrophes naturelles et anthropiques et peut comprendre également la sécurité économique et sociale ainsi que le respect de la dignité et des droits fondamentaux, la vie privée et la liberté d’expression (Ibid.). En somme, une ville ayant des caractéristiques favorisant la sécurité de ses résidents notamment par des systèmes anticriminalité efficaces, une prévention proactive de la corruption, une police compétente et une justice pénale et civile accessible saura se montrer plus résiliente face aux changements (CRI, 2013).
Citation intéressante
« What is effectivity of security in relation to resilience?
Maybe resilience offers insights into how to improve security in a way that it is considering the bigger picture, integrating social, environmental and economic aspects, integrating the return to normal demands with the longer-term perspectives of transformation and in such sense, offers a more integrative ‘effectivity’ (Fekete et Fiedrich, 2017). »
Économie durable
Selon la littérature, les villes résilientes possèdent une « économie durable » (Al-Jawari et al., 2022). En effet, selon les chercheurs ayant utilisé les indicateurs du City Resilience Index afin d’analyser la résilience d’une ville de Kufa, plusieurs de ces objectifs étaient effectivement mesurables et permettaient de mieux cerner la résilience de la ville face aux changements tant climatiques que socio-économiques (Ibid.). Une économie durable se traduit par une gestion efficace des finances, une planification des investissements cohérente, une économie locale diversifiée, un environnement attractif au niveau de l’emploi et une intégration aux économies mondiales (CRI, 2013).
Critère 3 : Adaptation des milieux de vie par les infrastructures et les écosystèmes

Exposition et fragilité réduites
Le troisième critère nommé par le City Resilience Index et appuyé par la littérature scientifique est l’adaptation des milieux de vie par les infrastructures et des écosystèmes par rapport aux changements qui peuvent survenir.
Tout d’abord, la réduction de la vulnérabilité et de l’exposition des populations aux aléas climatiques et aux catastrophes naturelles est étroitement reliée à la résilience d’une ville ou d’une région (Godschalk, 2003). La vulnérabilité et l’exposition aux aléas peuvent être contrôlées et modifiées par la gestion des risques relatifs aux aléas climatiques (Wang et al., 2021, p. 5). La gestion des risques naturels comme les îlots de chaleur, les inondations, les tempêtes, etc., commence tout d’abord par l’identification et l’évaluation des risques et des populations vulnérables. À l’aide de ce diagnostic, les autorités locales ou régionales peuvent alors aménager le territoire et planifier les développements futurs en fonction des zones ayant une plus grande exposition aux risques naturels ainsi que modifier les réglementations relatives à la construction afin d’augmenter la résistance des bâtiments plus exposés (Ibid.). Finalement, l’amélioration des services d’urgence en cas de catastrophes naturelles ou d’aléas climatiques réduit la vulnérabilité (Ibid.).
Fourniture efficace de services essentiels
La résilience des villes repose également sur la capacité de fournir de façon efficace les services essentiels en toutes circonstances (CRI, 2013). Pour ce faire, les villes se doivent de mettre en place une gestion efficace des écosystèmes afin que ces derniers soient préservés et soient en mesure de fournir les services écosystémiques bénéfiques à la population (Ibid.). Le CRI indique également que les villes résilientes sont celles ayant une capacité de réserve, c’est-à-dire que « la pression sur les infrastructures critiques est réduite grâce à une utilisation ingénieuse et adaptable des ressources clés » (Ibid.). De plus, les infrastructures dispensant les services critiques de la ville doivent être diversifiées, efficaces et intelligemment planifiées afin de résister aux changements qui pourraient impacter la distribution de ces services. La surveillance, l’entretien et le renouvellement de ces infrastructures doivent d’ailleurs être rigoureux.
Mobilité et communications fiables
Par la suite, une ville résiliente possède un réseau de transport fiable dont les infrastructures permettent aux résidents de se déplacer efficacement (Havko et al., 2017, p. 308). En effet, l’efficacité d’un réseau de transport a une influence capitale sur une multitude d’autres composantes de la vie urbaine, dont l’accès à la santé, l’emploi, mais également la gestion des secours en cas de catastrophe et la facilitation des évacuations de masse en cas de catastrophes naturelles (Ibid.). La diversité, la flexibilité, l’accessibilité et l’abordabilité des infrastructures de transport sont aussi des éléments clés afin d’offrir du transport pour tous, et ce, à l’aide d’une gestion et d’une planification intégrées de la mobilité urbaine (CRI, 2013).
Élément souvent moins évoqué, la résilience des moyens de communication est importante dans une ville (CRI, 2013). La présence de technologies de communication fiables, accessibles à tous et fiables ainsi que des réseaux technologiques sécurisés protégeant les systèmes d’information de la ville sont également des vecteurs de résilience (Ibid.).
Critère 4 : Gouvernance urbaine intégrée à l’entrepreneuriat et à la gestion urbaine

Leadership et gestion intégrée
Selon la littérature scientifique, les villes résilientes se concentrent de plus en plus sur les concepts de leadership et de gestion intégrée de la planification urbaine, ces derniers étant des vecteurs importants de résilience (Wang et al., 2021). L’optimisation des institutions par « le renforcement et les capacités des institutions gouvernementales grâce à une collaboration élargie, l’adoption d’un système de planification flexible et un processus de conception adaptatif, la mise en œuvre d’une gestion agile des villes face à l’incertitude et aux défis et la coordination efficace avec les autres organismes gouvernementaux » favorise l’amélioration de la résilience des villes (Wang et al., 2021, p.5).
Parties prenantes autonomisées
Par la suite, la résilience des communautés se réalise, entre autres, au moyen de l’autonomisation des parties prenantes des systèmes urbains (CRI, 2013). En effet, le fait de sensibiliser les promoteurs et le public à la réduction des risques tant naturels qu’anthropiques ainsi que favoriser l’implication communautaire, la participation citoyenne et l’apprentissage collectif à partir des risques urbains passés améliore la réponse aux changements des communautés qui deviennent impliquées dans le processus de résilience (Wang et al., 2021, p.5).
Planification du développement intégré
Selon le City Resilience Index, la planification du développement intégré est un indicateur de résilience urbaine (CRI, 2013). En effet, les plans de développement et les règlements d’urbanisme et d’utilisation du sol peuvent être utilisés par les villes comme des outils pour améliorer la résilience. Ces outils contrôlant le développement urbain peuvent être modulés pour inclure les notions de changements climatiques, de réduction des risques de catastrophes et la gestion de situations d’urgence (Ibid.).
Pour ce faire, les instances municipales peuvent mettre en place un suivi et une analyse régulière des données disponibles afin d’orienter la planification et la mise en œuvre des stratégies urbaines (CRI, 2013). Elles peuvent également instaurer un processus de planification consultatif dans l’élaboration de leurs politiques, plans et stratégies ainsi qu’un processus efficace et transparent d’approbation de ces derniers qui permet à la population de s’impliquer et de s’approprier la planification urbaine locale (Ibid.). De plus, l’aménagement du territoire urbain par l’entremise des documents d’urbanisme comme le règlement de zonage permet aux villes d’inclure de la flexibilité dans la réglementation pour pallier les changements qui peuvent survenir et d’augmenter la résilience des collectivités.